Egypte : au fil du Nil

Le 6 novembre dernier, nous sommes partis en reconnaissance en Egypte après des années d’absence. Si la police touristique locale interdit l’accès à de nombreuses régions et que le quai d’Orsay reste très (trop ?) frileux quant aux conseils donnés aux voyageurs, nous avons fait, chez Explorator, le choix de retourner sur place et de proposer un voyage complet depuis les terres arables du delta jusqu’à la première cataracte nubienne d’Assouan, en passant par les berges limoneuses du Nil.

Les 18 jours de cette immersion égyptienne sont tout juste suffisants pour faire le tour de tous les paradoxes et de ce pays : du Caire frénétique aux paisibles villages Fellah, des légendes pharaoniques à la réalité du printemps arabe, de l’abondante agriculture du delta au minéral des temples, des peaux claires du nord aux peaux hâlées de la Nubie…

Voici l’itinéraire que nous avons suivi :

 

La plus grande difficulté en Egypte (en dehors de la circulation au Caire !), est sans nul doute de se repérer dans les différentes dynasties et d’appréhender la généalogie des dieux (qui ont parfois plusieurs représentations pour une même personne), des pharaons et autres empereurs romains de passage en Egypte.

Mais il n’est pas indispensable d’être égyptologue pour apprécier ce voyage. Les connaissances s’affinent au fur et à mesure des visites puisque chaque temple, tombeau, pyramide visité, est une nouvelle histoire, qui s’entrelace avec la précédente et qui sillonne entre légende et réalité.

Nous commençons ce voyage par la région du delta.

A Rosette nous sommes accueillis par les sourires sincères des habitants qui n’ont pas vu de touristes depuis longtemps. Ils sont heureux de nous faire découvrir leur pays, se prennent en photo avec nous et notre visite du musée de Rosette est soigneusement photographiée par le responsable, fier de recevoir des visiteurs français.

A Alexandrie, nous posons nos valises pour deux jours, le temps de faire quelques visites :

Les Catacombes

… que l’on peut facilement comparer aux catacombes de Rome, tant la similitude est forte. Il est toujours un peu déconcertant de trouver des lieux qui se ressemblent autant et pourtant si loin géographiquement. C’est une manière de prendre conscience de l’étendue de l’Empire Romain.

La colonne de Pompée

 

Dernier vestige du temple de Sérapis, bâti eu milieu du IIIe siècle av. J.C. Autrefois utilisé comme dépôt de textes religieux en annexe de la bibliothèque d’Alexandrie.

La Bibliothèque Alexandrina

 

Personne ne connait assurément l’histoire de cette bibliothèque. On estime sa fondation au IIIe siècle et qu’elle a été complètement détruite par le feu alors qu’elle abritait plus de 700 000 manuscrits.
L’inauguration enj 2002 d’une nouvelle bibliothèque a révélé au monde une architecture moderne utilisant des matériaux innovants qui permettent un calme absolu dans la salle d’étude. Le complexe abrite désormais un planétarium, un musée de la science et de nombreuses expositions dont une sur la vie du bien aimé président Sadate.

Le Fort Qaitbay

A l’emplacement de l’ancien phare d’Alexandrie, a été érigé le fort de Qaitbay construit avec ses mêmes pierres.

Le musée Gréco-romain

Ce musée comporte quelques belles pièces, il ne faut pas hésiter à descendre dans les salles au sous-sol qui abritent des momies.

Le Palais de Montazah

Loin du tumulte d’Alexandrie, un petit coin de verdure abrite le palais de Montazah, de style turc et florentin. Celui-ci a été utilisé, entre autre, pour accueillir les invités du président Moubarak. La station balnéaire de Mamoura, juste derrière, accueille les familles les plus riches d’Alexandrie.

Dans la vallée du Fayoum, nous nous confrontons pour la première fois aux services de sécurité lors de la visite de deux monastères coptes. Nous établissons notre premier contact avec l’art copte et la vie monacale. Les murailles de défense sont en pisé et l’accès se fait par une petite porte. Les bâtiments à l’intérieur sont dans le même matériau et recouvert de chaux.

En revenant au Caire, nous commençons les visites plus approfondies du Caire… Quel bruit, quelle pollution mais quelle beauté et quelle diversité !

 

A croire que les Egyptiens ont peur du silence tant ils redoublent d’effort pour faire le plus de bruit possible, partout, tout le temps. Les klaxons, les sonos des muezzins poussées à leur maximum, la musique dans les boutiques et les restaurants, le trafic non-stop, le Caire est LA ville qui ne dort jamais !

Les incontournables du Caire et de ses environs :

Les pyramides de Saqqarah et de Gizeh

Situé à quelques kilomètres au sud du Caire, Saqqarah est l’un des sites archéologiques les plus riches d’Egypte. On y fait de nouvelles découvertes presque toutes les semaines !

C’est grâce au génie du grand prêtre et architecte du roi Djoser, Imhotep, qui a eu l’idée de passer de la brique à la pierre et du mastaba à la superposition de plusieurs mastabas, qu’il en est arrivé à construire les fameuses pyramides à degrés, qui ont ensuite servi de modèle aux pyramides de Gizeh.

Dernière découverte datant du 15 décembre 2018 : https://culturebox.francetvinfo.fr/patrimoine/egypte-une-tombe-de-plus-de-4400-ans-decouverte-a-saqqara-283379

Le musée national

On pourrait y passer des jours entiers tant la collection de pièces nous semble infinie. On déambule dans les allées, enivrés par toute cette beauté. Et puis on y arrive… ce trésor de Toutankhamon tant vu dans nos manuels scolaires. Quelle finesse, quelle prouesse de réalisation, quelle somptuosité !

Le musée des arts islamique

Rarement visité lors des circuits touristiques classiques, le musée des Arts Islamiques jouit d’un rare calme et mérite bien que l’on y passe un peu de temps, puisqu’il abrite l’une des plus importantes collections d’art islamique du monde avec des collections datant du VIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Les mosquées :

Ibn Touloun

Construite entre 876 et 879, c’est l’une des plus anciennes mosquées du pays. L’effort fourni pour monter au sommet de son minaret hélicoïdal est à la hauteur de la vue imprenable sur les toits cairotes.

Sultan Hassan

L’intérêt de cette mosquée se trouve dans ses dimensions imposantes et son architecture mamelouke. En effet, elle est si grande qu’elle comptait à l’époque plusieurs madrasas, ce qui était plutôt rare. Les pierres de couleurs différentes s’imbriquent telles un puzzle, à tel point que l’on pourrait croire qu’il s’agit de peinture.

Méhémet Ali

Cette mosquée quant à elle, prend modèle sur l’architecture classique turque et semble rappeler les grandes mosquées impériales d’Istanbul. L’anecdote de cette mosquée est que l’horloge ornementale, cadeau de Louis Philippe en échange de l’obélisque de la place de la Concorde à Paris, a été abîmée à la livraison et attend toujours depuis lors, d’être réparée.

Le quartier copte :

Si l’Islam est la religion de l’Etat, la tradition ancienne favorise la cohabitation des religions chrétienne, musulmane et juive. C’est pourquoi il n’est pas rare que les églises côtoient mosquées et synagogues.

Le souk Khan Khalili :

Ici, tous nos sens sont en éveil… Les couleurs vives des échoppes de souvenirs, la diversité des fruits et des légumes, l’odeur des épices qui se mélange aux émanations sucrées des chichas fumées en terrasse de café, le brouhaha des négociations entremêlé au vacarme des sonos des muezzins mal réglées, les différentes étoffes, de la rugueuse laine de chameau au fameux coton tissé d’Egypte en passant par les tissus bling bling des tuniques « traditionnelles » vendues aux touristes, tout en sirotant un délicieux karkadé offert dans toutes les boutiques visitées…

Nous poursuivons notre voyage en remontant la vallée du Nil. La région est plus aride sauf aux abord du fleuve où le moindre m² est exploité.

Les visites s’échelonnent au fil des kilomètres… Incroyable héritage de l’Egypte Antique, les temples et tombeaux ont fait de cette région le plus vaste musée en plein air du monde.

Beni Hassan :

Les tombes sont creusées à même la falaise et s’alignent sur une immense terrasse. Dans les décorations de ces tombes, on retrouve des scènes de la vie quotidienne, les couleurs ont été préservées.

El Ashmounein :

Gardé par 2 énormes statues de babouin (animal sacré du dieu Thôt), ce site est un véritable musée en plein air exposant les vestiges datant de diverses époques.

Tounah el Gebel :

Site surtout connu pour le tombeau de Petosiris (prêtre de Thôt), mais aussi pour les plus de 4 millions de momies qui ont été retrouvées dans la nécropole gréco-romaine, dont beaucoup d’ibis et de babouins.

Tell el Amarna :

Akhetaton, construite par Akhenaton, a été la capitale de l’empire égyptien pendant un quart de siècle. C’est à cet endroit que les fouilles ont mis à jour le fameux buste de Nefertiti qui est maintenant exposé au Neues Museum de Berlin.

 

 

Dans la région d’Assiout, le monastères de Dronka

Et dans la région de Sohag, le monastère Blanc

Deux petits joyaux se détachent parmi toutes les visites effectuées dans la région :

Dendera et son somptueux temple d’Hathor

et Abydos, principal lieu de culte d’Osiris, avec l’impressionnant temple funéraire de Séthi Ier.

En arrivant à Louxor, tout change ! Les températures sont plus chaudes, les peaux plus foncées, le rythme de vie est plus lent mais le nombre de sites à visiter nous fait presque tourner la tête…

La vallée des Rois

Les tombeaux des Nobles

Le temple d’Hatchepsout

Les colosses de Memnon

Le temple d’Amon

Le temple d’Amon fait partie du complexe religieux de Karnak, le plus grand de l’Antiquité. Il comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, un lac sacré et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes (Louxor). Il est d’ailleurs relié au temple de Louxor par une allée de criosphinx (animal au corps de lion et à la tête de bélier).

Puis le minibus laisse place au bateau et nous commençons la croisière sur le Nil, les journées défilent maintenant au rythme du fleuve, calme, placide, serein.

 

La navigation sur le Nil est soumise aux caprices du vent, suivant les conditions météorologiques, le bateau peut aussi bien être tracté par un bateau à moteur que toute voile dehors et tirer des bords. Ce nouveau rythme de voyage ne sera interrompu que par les quelques visites programmées :

Le temple d’Horus à Edfou

Un petit village au contact des fellahs

Le marché aux animaux de Daraw

Après quelques jours de navigation, nous arrivons à Assouan, ville la plus méridionale d’Egypte, nous sommes dorénavant en Nubie !

Une fois à Assouan, presque tout est accessible en bateau, la felouque devient notre nouveau moyen de transport. Ainsi nous pouvons :

Faire une balade en felouque sur le Nil

Visiter l’île Elephantine et son petit musée

Visiter l’île de Kitchener et son jardin botanique

Visiter le temple de Philaé

Visiter un village nubien

Malgré l’affluence touristique, la visite de ce village nous a donné une idée du style coloré des villages nubiens et surtout nous a permis notre premier et seul contact avec un crocodile du Nil !

Une dernière visite à Assouan, la visite du musée de la Nubie, est incontournable.

Ce musée recueille les vestiges de toute une civilisation engloutie par la mise en eau du lac Nasser, suite à la construction du premier barrage d’Assouan, en 1907. L’Unesco lance, le 8 mars 1960, un appel à une expédition internationale destinée à sauver les monuments nubiens. Philae, Abu Simbel et d’autres temples seront déplacés, les habitants seront forcés à migrer vers le nord.

Le voyage se fini en apothéose par la visite du site monumental d’Abu Simbel…

Le site de tous les superlatifs…

Comme  expliqué ci-dessus, le temple d’Abu Simbel a dû être déplacé depuis les rives du Nil jusqu’à une colline artificielle. Toute la difficulté a été d’excaver et de déplacer toute la façade tout en conservant la même exposition. En effet, pour perpétuer l’incroyable génie de construction, permettant lors de 2 journées annuelles exceptionnelle (le 22 février pour son anniversaire, et le 22 octobre pour commémorer son accession au trône) que les rayons du soleil pénètre jusque dans le sanctuaire intérieur (naos) afin de n’éclairer que les statues de Ramsès II, Rê-Horakhty et Amon. Seule la statue de Ptah, le dieu des Ténèbres, reste dans l’ombre.

Depuis ce voyage, je comprends bien mieux le sens figuré de l’expression « travaux pharaoniques » !

Avant de clore ce récit, je souhaite remercier Olivier Georges des Aulnois pour ses photos qui ont illustré une grande partie de cet article ainsi que tous les clients qui ont participé à ce voyage de reconnaissance et qui par leur bienveillance ont fait de ce voyage une expérience inoubliable : Muriel, Olivier, Jean Paul, Ginette, Denis, Michèle, Franck, Patricia et notre guide Kimo, saperlipopette !

2 thoughts on “Egypte : au fil du Nil

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  1. Nous avons eu grandement raison de ne pas céder à psychose de l’insécurité afin de participer à ce voyage qui, nous l’espérons, ouvrira de nouveau les portes de l’Egypte à beaucoup d’autres clients d’Explorator.
    L’accueil spontané de la population; la variété, la richesse et le rythme mesuré des visites; la découverte de certains sites à titre quasiment privé, la remonté tranquille du Nil à bord d’un petit bateau; la compétence de notre guide Égyptien; tout a contribué à la réussite de ce périple.
    Voyage qui ne se limite pas uniquement au versant « égyptologie » mais qui s’efforce de dévoiler les multiples facettes de ce pays : civilisations islamiques, minorités coptes, période romaine, vie quotidienne en ville et dans les campagnes, …
    En résumé, un voyage à la hauteur de nos rêves qui nous referions bien volontiers une seconde fois si nous n’avions pas encore beaucoup d’autres pays à découvrir.
    Michèle & Denis

  2. Bonjour
    Magnifique, mais le mot restera faible quoiqu’on en dit….
    Ce voyage setait-il de niuveau programmé chez Explorator ? Si oui, quand ? Nous serions très intéressés ? Merci. Et encore bravo pour ce blog !!! Cordialement

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