Bienvenue au Bhoutan, un tout petit pays (env 700 000 hab), plus petit que la Suisse ! niché au cœur de l’Himalaya et coincé entre deux géants : la Chine et l’Inde.
Après un vol spectaculaire d’une heure au-dessus de la chaîne himalayenne au départ de Kathmandou, j’atterris à l’aéroport de Paro. C’est parti pour un voyage d’une dizaine de jours de Paro à Jakar, en compagnie de mon chauffeur Ugyen et de mon guide Aron.

Un peu d’histoire…
L’histoire du Bhoutan débute au 8ème siècle avec le célèbre Guru Rinpoche ou Padmasambhava, qui arrive du Tibet et introduit le Bouddhisme dans sa forme tantrique.
Pendant des siècles, l’histoire du pays se confond avec l’histoire religieuse. Le pays est dirigé par une mosaïque de petits fiefs guerriers et occupé par les forces militaires tibéto-mongoles.
Le pays sera unifié au 17ème siècle grâce à un homme charismatique : Ngawang Namgyel de l’école des Drukpa et nommé aussi le Shabdrung. C’est à cette époque que seront construits les premiers dzongs, forteresses uniques au Bhoutan abritant à la fois la communauté monastique et l’administration.
Mon périple sera ponctué par la visite d’une série de ces dzongs. Ils représentent selon moi, l’une des plus belles formes architecturales en Asie dont on ne se lasse pas tant la grandeur des proportions, le travail du bois, la minutie des peintures murales et l’environnement naturel sont impressionnants…


La monarchie apparaît en 1907 avec l’avènement de Ugyen Wangchuck qui devient le premier roi du Bhoutan. Il s’agit aujourd’hui d’une monarchie constitutionnelle avec des élections parlementaires démocratiques et un premier ministre, chef du gouvernement. En 2005, le roi abdique en faveur de son fils aîné de 25 ans, le plus jeune roi du Bhoutan !
Très apprécié dans tout le pays, le jeune couple royal est en photo dans toutes les maisons. Les bhoutanais portent des pin’s à son effigie…

L’une des particularités du Bhoutan est le concept du « BNB », « Bonheur National Brut » .
Il repose sur quatre grands principes, piliers du développement durable :
- La préservation des traditions ancestrales, de la culture et d’une identité forte
Une grande importance est accordée aux valeurs nationales d’où la « bhoutanisation » des programmes scolaires ou un nationalisme grandissant. Le problème des Lhotshampas (bhoutanais d’origine népalaise), au sud du Népal, reste un sujet controversé. De grandes écharpes ou Kabne indiquent le rang de la personne et sont portées avec le costume traditionnel en fonction des occasions. Un plongeon dans un univers tout a fait dépaysant et unique !

- La préservation de l’environnement et le développement durable
72 % du territoire est recouvert de forêts dont le bois est exploité plus en tant que richesse écologique que dans un but de rendement. La chasse et la pêche sont interdits sauf exception…De même que l’agriculture chimique… ou encore de fumer dans les espaces publiques…La nature est belle, préservée, omniprésente et propice à de belles randonnées dont je me donne à cœur joie !
- Le développement socio-économique, la croissance responsable.
La santé et l’éducation sont gratuites pour tous. Le moindre petit village est doté d’une école et d’un centre de soins. L’activité économique du Bhoutan repose essentiellement sur l’agriculture (riz, blé, orge, sarrasin, pommes de terre, fruits…) et l’élevage qui occupent 60 % de la population.

Le tourisme et la production d’électricité (vendue à l’Inde) sont les principales ressources du pays et lui permettent de se développer. Toutefois, le pays reste confronté à certains défis économiques notamment le chômage des jeunes et l’endettement…
Le pays est aussi connu pour son textile. Tissé à la main par les femmes, il est exporté et relativement cher :
- La bonne gouvernance
La population réduite du Bhoutan et la faible fertilité permettent au pays de résoudre des problèmes à échelle humaine et de donner un exemple de développement, tout en privilégiant le bien-être de ses habitants.
Pour ce pays jamais colonisé et fier de ses traditions, il s’agit de trouver un compromis entre la préservation des coutumes, le développement mesuré et réfléchis tout en donnant sa part à une modernité inéluctable. Ainsi, en 1999, est enfin levée l’interdiction de la télévision….Sous condition de ne pas en abuser ! Le Bhoutan devient l’un des derniers pays à y avoir accès.

Le Bhoutan est traversé par une grande route centrale. Chaque vallée est un microcosme séparé de la vallée suivante par un col (3000 m en moyenne). Ces vallées centrales se succèdent entre l’étroite bande de terre du sud et les hauts sommets himalayens du nord.
J’ai la chance de découvrir le col de Dochula par temps clair…La vue sur les sommets de l’Himalaya est spectaculaire :
Le Bhoutan de l’Ouest de Paro à Punakha est le pays des rizières et des vergers. Quel bonheur de se promener sur les sentiers et de profiter des vues panoramiques sur les collines et sommets enneigés. Des milliers de drapeaux à prières s’élancent vers le ciel. La table est dressée à mon arrivée pour un pique-nique 5 étoiles (repas chaud et vue panoramique !)
Le Bhoutan du Centre, de Punakha à Bumthang est recouvert d’une belle forêt de feuillus et conifères où serpente une rivière. Nous empruntons un pont suspendu pour rejoindre un petit village traditionnel, encore une très jolie balade dans un paysage verdoyant et serein.
La vallée de Pobjike est magnifique. Le ciel est bleu, le soleil au rendez-vous. Une promenade mène au monastère de Gangtey, à travers champs en terrasse et fermes typiques. Sur le chemin, il est possible d’apercevoir des grues à col noir. Un beau spectacle !
Nous croisons par hasard une compétition de tirs à l’arc, sport national du Bhoutan. La cible, très petite, est placée à 150 m. L’atteindre relève d’une vraie prouesse !
Le Bhoutan de l’Est de Bumthang à Samdrup-Jongkar est parait-il encore plus sauvage, parcouru de vallées profondes sur lits de rivière. Mais je dois malheureusement y renoncer faute de temps…
Tout est bouddhisme dans ce pays , entre rituels, philosophies, modes de vie, art et architecture…
Dès mon premier jour au Bhoutan, je suis plongée dans la ferveur religieuse du Pays en assistant à une cérémonie matinale au « Mémorial Chorten » de Thimphu.


L’architecture religieuse scande le paysage :
- Les temples (ou lakhang) sont construits en bois et recouverts de peintures colorés.
Les temples de Kyichu à Paro et de Jampé à Bumthang sont les premiers temples construits au Bhoutan au 7ème siècle par le roi tibétain Songtsen Gampo :

- Les monastères ou Gompas sont souvent construits à flanc de falaise.
J’ai visité entre autre le monastère nyigmapa de Gangtay (XVIème) et le fameux Tiger’s nest ou monastère de Tanksen dont je vous invite à regarder la vidéo :

- Les moulins à prières, très colorés et de tailles diverses :
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Moulin à prière de Taksang - Les fameux drapeaux de prière, symbole des cinq éléments et des cinq énergies négatives (jalousie, haine, colère, ignorance et envie) :
- Les Chortens (Stupa en sanscrit) symbolisent l’esprit de Bouddha et les différents degrés pour atteindre l’Eveil :
Les danses religieuses ou Tshechu sont d’une grande importance pour honorer les divinités.

L’art est aussi principalement d’inspiration religieuse : divinité, mantras, mandalas, thangka, statues…Un univers fascinant !

On peut recenser environ 34 000 moines hébergés dans plus de 3 800 monastères…

Que ce soit les moines ou gélongs, drapés de rouge (et placés souvent vers l’âge de 5, 6 ans dans les monastères) , les réincarnés (Trulku ou Rinpoché) , les Gomchen, villageois religieux pouvant se marier , les lamas ou Guru, « maître religieux » , les nonnes…tous exercent une influence morale et spirituelle très importante auprès de la population.

Le Bouddhisme est celui du Grand véhicule (Mahayana) sous sa forme tantrique, connu aussi en occident sous le nom de « Véhicule du Diamant » (Vajrayana), bouddhisme tibétain;
Quatre écoles y sont rattachées dont les Nyingmapa (Guru Rinpoche), les Kagyupa (avec les Drukpa et Karmapa), les Sakya, les Gelupa (avec le Dalai Lama)
Un des grands principes du bouddhisme consiste à sortir du cercle de la roue de la vie pour se libérer des souffrances (l’existence relative) et atteindre l’Eveil (ou la notion de vérité et d’absolu). Plusieurs réincarnations seront nécessaires pour se libérer du poids des actes des vies antérieures, se libérer des trois poisons (ignorance, colère et jalousie) et avancer vers la pleine conscience, l’illumination.
Roues de la vie, marquant souvent l’entrée des dzongs et des temples :
Les bodhisattvas sont des « bouddhas en devenir ». Ils ont la possibilité d’atteindre l’Eveil mais ont décidé de rester sur terre pour aider les hommes.Le mâle représente la connaissance et la femelle, la sagesse. Leur union sexuelle permet d’atteindre l’Eveil suprême, l’énergie spirituelle, la puissance, l’indestructibilité. Les maîtres ont le pouvoir de sublimer et subjuguer les esprits pour provoquer une véritable transformation.


Mon voyage se termine à Jakar d’où je prends un petit avion pour rejoindre Paro.
Un petit clin d’œil à mon chauffeur, Ugyen, d’une ponctualité et d’un professionnalisme dignes des équipes d’Explorator !
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Elisabeth de Joussineau, le 11 janvier 2017
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