Haïti : la belle oubliée

Lorsque j’ai annoncé à mon entourage que je partais pour Haïti, les réactions furent assez vives : pourquoi Haïti? Que pouvais-je y voir à part la pauvreté et les traces du terrible tremblement de terre de 2010? Beaucoup m’ont fait part aussi de leur crainte face à l’insécurité…

Il était donc nécessaire que je me rende compte par moi-même de ce qu’offrait ce pays et de sa réalité.

Premières impressions : les 5 sens en éveil

A peine sorti de l’avion, on est baigné de chaleur et de lumière. Le dépaysement opère tout de suite.

Mon guide, Rommel, est souriant et sympathique. Je lui trouve des airs de Jean-Michel Basquiat, mais je n’ose pas lui dire…J’apprendrai par la suite qu’il est aussi artiste et a une grande admiration pour ce peintre américano-haïtien mort trop jeune.

Dès la route qui me mène à l’hôtel, je découvre une ville en pleine effervescence. La conduite des haïtiens est sportive. Aucun feu tricolore ne régule la circulation, ni même de stop. Chacun passe, double, contourne, accélère comme il peut et cela semble fonctionner. Les piétons n’ont qu’à bien se tenir. La conduite napolitaine à côté est une plaisanterie…

Chaleur, agitation mais aussi mini-bus bariolés, odeurs des plats cuisinés sur le trottoir… on ne sait plus où donner de la tête. Haïti est visuelle et sonore! Elle ne se regarde pas, elle se vit !

Et soudain, un havre de paix : la cour de l’hôtel d’où l’on ne perçoit plus la fureur de la ville, juste le cliquetis de l’eau de la piscine, et le chant des oiseaux dans des arbres tropicaux.

Port au Prince, le chaos magique :

Port au Prince, n’est pas à proprement parlé, une belle ville. Elle porte encore quelques stigmates du terrible tremblement de terre de 2010. Le palais présidentiel n’a toujours pas été reconstruit, la cathédrale est soutenue par des étais, des maisons sont fissurées, mais la vie poursuit son cours.

Le Marché en Fer, symbole de la capitale, a été restauré très rapidement. Importé de France en 1890, il était destiné à l’Egypte pour devenir la gare du Caire. Ce qui explique son style oriental. Composé de deux grandes halles, unies par une porte monumentale couronnée d’une horloge, ce marché aux couleurs flamboyantes me transporte dans un univers inconnu. Outre les souvenirs et les étals de fruits, légumes, épices, une grande partie du marché est consacrée aux objets nécessaires aux rites vaudou : statuettes de la Vierge, bouteilles d’alcool ou de parfum, bougies, vêtements …

Encore toute étonnée de cette visite, mon guide m’entraîne un peu plus loin sur le Champs de Mars, grand parc au cœur de la ville où  trônent les statues des 4 héros de l’Indépendance : Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe, Toussaint Louverture, Alexandre Pétion et bien sûr la sculpture du Nèg Mawon (Marron inconnu), symbole de liberté.

Au musée du Panthéon National (MUPANAH), j’en apprends plus sur l’histoire de l’île depuis les indiens Taïnos jusqu’à la période contemporaine en passant par l’arrivée de Christophe Colomb, la colonie française puis l’abolition de l’esclavage et la création d’Haïti, premier État noir indépendant. On y voit, entre autre, le pistolet en argent avec lequel Henri Christophe se suicida, la cloche ayant servi à annoncer l’indépendance ou encore l’ancre de la caravelle de Christophe Colomb, la Santa Maria.

Mais cette capitale a bien plus à offrir si on s’éloigne du centre. Surnommée le « chaos magique », elle réserve en effet des pépites à qui prendra le temps de la connaître.

C’est ainsi que je découvre les maisons  ginger bread  ou pain d’épice. Ce style architectural est né à la fin du XIXe siècle, créé par trois jeunes haïtiens ayant étudié l’architecture à Paris. On peut y déceler une influence de l’architecture thermale, de l’architecture victorienne et de l’éclectisme de l’époque. Mais le style ginger bread est typiquement haïtien. Tenant compte du climat des caraïbes, des conditions de vie, les maisons d’abord en bois, puis en maçonnerie, sont dotées de grandes portes, de hauts plafonds, de toits pentus, de persiennes plutôt que de fenêtres, d’une galerie faisant le tour de l’édifice…Il est intéressant de noter que ce sont ces maisons qui ont le mieux résisté au séisme de 2010.

Le meilleur exemple est l’hôtel Oloffson, construit en 1887. Bâtiment emblématique de la ville, plus charmant que confortable, cet hôtel mythique est entouré d’un jardin tropical et domine la baie. Le temps semble s’être arrêté. Rommel et moi sirotons un jus de fruit frais sur la galerie, loin du chaos magique.

Continuant l’exploration de la ville, Rommel m’emmène à la villa Rosa, un bidonville accroché sur la montagne dans le quartier de Canapé Vert. Une entreprise locale (Cocread) et une fondation artistique néerlandaise (Favela Painting) se sont associées pour redonner des couleurs et surtout une nouvelle vie à ses habitants. Ce projet artistique s’inspire des favelas brésiliennes. En repeignant ces maisons, en donnant un autre aspect à ce quartier, ils espèrent impliquer les habitants et les aider à sortir de la précarité.

Vu de loin, ces maisons pastel ont une air de vacances. Mais il suffit de parcourir les ruelles (qui ne sont en fait que des escaliers) pour s’apercevoir que la vie y est encore bien compliquée. Pas d’eau courante, accès difficile, maisons petites et sombres, escaliers étroits. Je crois pourtant déceler un quartier plus paisible et l’espoir d’une amélioration.

Décidément, cette ville n’en finit pas de me surprendre. C’est à la galerie d’art El Saieh – installée dans une belle villa art déco dominant la ville – que je prends conscience de la créativité haïtienne. Cette galerie est digne d’un musée. Des peintres célèbres, des toiles historiques mais aussi des œuvres de jeunes artistes en devenir sont présentées. Jacques-Enguerrand Gourgue, Dieudonné Pluviose, André Normil, Frantz Zéphirin… pour n’en citer que quelques uns. Beaucoup pratiquent une peinture figurative, parfois naïve et souvent très colorée, où des paysages imaginaires sont peuplés de lions, de girafes ou de panthères, ou bien des scènes de carnaval…

Mais le plus déroutant reste à venir. Je termine l’exploration de la ville chez Atis Resistanz, un collectif d’artistes situé dans la Grand-Rue. Jadis prestigieuse avenue de la capitale,  c’est aujourd’hui un ghetto où les réparateurs de voiture et les petites échoppes côtoient ces artistes, le plus souvent sculpteurs.  On se fraye un chemin entre des tas de vieux pneus, des pièces de métal, des ouvriers travaillant le bois, des enfants qui jouent ou des hommes faisant une partie de dominos… On est loin du charme propret de Villa Rosa. Pourtant aucune agressivité n’est palpable, juste de l’agitation, de l’énergie, le bruit du martellement. Après avoir passé une porte surmontée d’une tête sculptée dans un vieux bidon, nous sommes accueillis par André Eugène, l’un des trois artistes fondateurs de ce collectif créé il y a environ 15 ans. Il nous invite dans son monde à mi-chemin entre rêve et épouvante. Sa petite maison en parpaing, recouverte de tôle ondulée dispose aussi d’une cour pour exposer ses œuvres dans ce qui serait son atelier- galerie-musée… Il y en a partout. Tous les artistes de ce collectif utilisent des matériaux de récupération : bois, pneus, bouteilles en verre, canettes, grillage… Ils recyclent de vieux objets, des jouets. Faute de moyen, ils sont créatifs. André Eugène puise son inspiration dans la situation sociale du pays, la religion catholique mais aussi le vaudou. Ses thèmes de prédilection sont la mort, avec de nombreux crânes « customisés » mais aussi la vie. J’ai trouvé cet endroit fascinant, pour l’énergie qui s’en dégageait, mais aussi un peu angoissant.

Puis je rencontre Guyodo, le deuxième fondateur du collectif. Sa maison est encore plus petite et plus encombrée ! Lui s’inspire plutôt de l’amour et de la politique. Il réalise d’énormes sculptures à partir de carcasses de voiture.

Enfin, je termine ce tour avec Jean-Hérard Celeur, le troisième fondateur du collectif. Lui aussi crée des pièces gigantesques. Ce sont le plus souvent des troncs d’arbre qu’il sculpte un peu comme des totems. C’est un travail très physique et si les œuvres semblent primitives, il s’en dégage pourtant une grande poésie.

Cette visite est probablement celle qui m’a le plus touchée. Ces trois artistes ont une renommée mondiale, ils ont été sélectionnés pour l’exposition « Haïti » au Grand-Palais en 2016 et pourtant, ils vivent toujours dans ce ghetto. Ce fut ma première question en retournant à la voiture. Pourquoi rester là ? Une fois encore, ma culture m’empêchait de voir l’évidence : la solidarité. Ces artistes aident tout le quartier à vivre, les jeunes artistes à se lancer. Ils y trouvent aussi leur inspiration. Il n’est pas concevable pour eux de les abandonner ! Quelle leçon !!

Le Vaudou 

Un autre moment fort fut ma rencontre avec Jean-Daniel un prêtre vaudou. Il nous reçoit dans l’hémicycle et parle librement, le vaudou est ouvert à tous.  Tout le monde peut entrer dans un temple vaudou, il faut juste être humble. Pour lui, le vaudou est un et multiple (chaque temple est différent). Il est intégrateur (on trouve des symboles de la franc-maçonnerie, les saints chrétiens…).

Apporté par les esclaves depuis l’ancien Dahomey, l’actuel Bénin, cette croyance s’est propagée dans toutes les Caraïbes :  Candomblé au Brésil, Santeria à Cuba, Obeayisne en Jamaïque ou Vaudou en Haïti…

Le vaudou est omniprésent dans la culture haïtienne et cette visite m’a permis de mieux l’appréhender et surtout de le démystifier.

Noaïlles

Chaque étape me permet d’apprécier toujours plus la créativité haïtienne.  Je me rends dans le village de la Noaïlles à la Croix de Bouquet, au nord de la capitale. Je découvre un village bien entretenu où chaque maison est un atelier de « bosmetal », le découpage du métal qui est devenu l’une des spécialités d’Haïti. Ma visite est rythmée par le martellement des artistes.  Chaque atelier à un maître qui crée les modèles et des apprentis qui réalisent les différentes étapes. Armés simplement d’un burin et d’un marteau, ces artistes-artisans vont aplanir, découper, dessiner, brûler, marteler, peindre le métal pour lui donner des formes variées inspirées du vaudou ou du christianisme, mais aussi de la nature, des hommes, de la vie quotidienne…Cette tradition est assez récente. En 1953, Dewitt Peter, un amateur d’art américain, découvre des croix en fer pour orner les tombes. Elle étaient réalisées par George Liautaud, un forgeron local. Il le convainc de se lancer dans une carrière artistique. Depuis, le village de Noaïlles en est à sa 6e génération d’artistes qui vit de ses œuvres sur métal réalisées à partir de dwoums, vieux bidons de fuel. On retrouve une fois encore l’art de la récupération. Certains artistes de Bosmetal ont une renommée internationale.

Sur la route

 Quitter Port au Prince m’a permis de découvrir la campagne haïtienne et d’autres villes moins frénétiques. Loin de la capitale, la vie n’est pas plus facile mais peut-être plus paisible.

 Prendre la route en Haïti constitue déjà un voyage en soi. Les paysages varient, vallonnés et verdoyants dans le sud, presque montagneux dans le nord avec de superbes points de vue sur une mer bleu turquoise.

Le grenier à riz se trouve au centre du pays, dans la vallée de l’Artibonite, On y voit des rizières à perte de vue et les glacis, courettes bétonnées devant les maisons, qui servent à faire sécher le riz ou le cacao.

La route offre un spectacle coloré. Tous les moyens de transports sont utilisés : à pied, à cheval, en moto (chinoise !) et surtout en Tap-tap, ces taxis collectifs bariolés ou d’anciens school-bus américains qui sont l’une des caractéristiques d’Haïti. Ils sont toujours ornés de personnages célèbres (acteurs, chanteurs, footballers…) et de versets de l’ancien testament censés protéger les passagers!

Décidément Haïti est le pays de la couleur. Le long des routes nous voyons des échoppes vendant des fruits ou des poissons, des enfants aller à l’école. Quel spectacle ! Tous portent un uniforme dont les couleurs chatoyantes varient selon leur établissement. Les petites filles accordent même leur ruban à la couleur de leur jupe !

Les distances ne sont pas longues mais l’état des routes et l’animation qu’on y trouve ne permet pas d’aller très vite. J’ai ainsi pu admirer une autre facette créatrice des haïtiens : les publicités ou façades de magasins peintes. Il y a une multitude de salons de beauté et de « barber shop » dont les façades colorées rivalisent pour attirer le client. Mais aussi les échoppent pour les paris, les publicités pour un homme politique… Tout est peint.

Au nord : Cap Haïtien

Cap Haïtien a été fondée par les français en 1670 non loin de la première colonie espagnole créé par Christophe Colomb. La ville s’était entourée de forts pour se protéger de l’attaque des pirates et des anglais. Aujourd’hui, c’est une ville très animée et active qui a conservé son patrimoine et tout son charme. Depuis la place de la cathédrale, dominée par la statue de Jean-Jacques Dessalines, héros de l’Indépendance, je me promène avec mon nouveau guide, Cyril, passionné d’histoire, véritable ambassadeur de son pays. Il m’explique le plan en damier, les maisons de négociants dont les rez-de chaussée étaient les magasins et l’étage ceinturé par un balcon à colonnettes correspondant à l’habitation. De petites cours sont encore visibles à l’arrière des maisons.

Lieux de mémoire

Cyril m’emmène ensuite dans la région de Milot à une vingtaine de kilomètres de la cité capoise pour visiter deux sites incontournables : la citadelle Henry et le palais de Sans-souci. Tous deux sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le Palais de Sans-Souci fut la résidence du roi Christophe, ancien esclave puis général en chef de l’armée, avant de s’autoproclamer roi en 1811. On peut imaginer la magnificence de ce palais inauguré en 1813, bien que détruit en partie par un tremblement de terre en 1842 et jamais reconstruit. Surnommé le « Versailles des Caraïbes », ce complexe immense regroupait, outre le palais, une caserne, un hôpital, une église à coupole, une imprimerie, une école, une académie d’art… Son architecture s’inspirait de ce que l’on faisait en Europe au XVIIIe siècle mais pas seulement. On peut encore voir les petits canaux de briques qui conduisaient l’eau des sources sous le palais afin de le rafraîchir, l’ancêtre de l’air conditionné ! … Dans le parc est planté un caïmitier plusieurs fois centenaire sous lequel le roi Christophe rendait sa justice…

Quant à la citadelle Henry, construite à la demande de Jean-Jacques Dessalines, elle devait servir à repousser un éventuel retour des troupes françaises après 1804. Située à 900 mètres d’altitude, on y monte à pied ou à cheval. En gravissant ce chemin sous le soleil, je m’imagine les 20 000 hommes, d’anciens esclaves enfin libres, qui ont construit à la force de leurs bras cette gigantesque forteresse militaire, la plus grande des Caraïbes, afin de défendre leur indépendance. De cette citadelle, qui pouvait accueillir une garnison de 5000 soldats, équipée de réservoirs pour avoir de l’eau en cas de siège, on n’a finalement jamais tiré un seul coup de canon !

La gastronomie Haïtienne

 Cyril décide de m’initier à la gastronomie haïtienne. Il y a déjà les spécialités au nom poétique : le crabe au mirliton (ou christophine, un genre d’avocat), le lambi :  coquillage mangé cru, cuit ou en ceviche, le cabri, le porc au djondjon (champignon noir), le blanc –manger, un dessert à base de noix de coco et bien sûr le poisson fraîchement pêché, les fruits tropicaux…

Nous allons dans une petite échoppe acheter de la Dous, une confiserie à base de sucre et de lait parfois à la pistache ou aux graines de sésames et des « tablettes » à base de fruits (ananas ou coco) que la vendeuse sépare dans de petits sacs en papier craft. Un délice !

Sur la route qui nous conduit à Milot, nous nous arrêtons dans une guildive pour assister à la fabrication du rhum artisanal. Le nom viendrait de l’anglais « Kill devil » pour les boissons à base de canne à sucre ! Tout un programme…

Plus attirée par le sucre que par le rhum, je suis alors emmenée par Cyril à Ouanaminthe, proche de la frontière avec la République Dominicaine, pour visiter Askania, une petite fabrique de chocolat 100% haïtienne et d’excellente qualité.

Enfin, on ne peut aller en Haïti sans goûter à une cassave, une grande galette à base farine de manioc sur laquelle on peut mettre du piment, du sucre, de la noix de coco… un régal !

Mais au-delà de ces découvertes culinaires qui font partie intégrante de la culture haïtienne, il y a surtout de très belles rencontres. Des familles qui travaillent de façon traditionnelle et vous accueillent toujours avec le sourire, de jeunes entrepreneurs qui veulent montrer qu’Haïti a beaucoup d’atouts et de savoir-faire, de petits vendeurs tout étonnés que l’on fasse connaître leurs produits à des étrangers…

Décidément ce pays réserve bien des surprises !

Jacmel

Au sud de l’île, Jacmel est ma dernière étape. Jadis, important port marchand pour le commerce du café, du cacao, Jacmel a conservé un beau patrimoine colonial. On y voit encore les anciens entrepôts et de vieilles maisons à colonnettes métalliques, différentes de Port au Prince ou de Cap Haïtien. A Jacmel, l’hôtel Florita est incontournable avec sa façade bleue et blanche. Il a des airs de Nouvelle-Orléans. La ville, petite et plus calme, avec des rues piétonnes permet de s’y promener ainsi que sur le bord de mer.

Jacmel est spécialisé dans le travail du papier mâché qui sert à faire les masques pour le carnaval.

La ville s’est également embellie grâce au travail de Laurel True, une mosaïste américaine, venu enseigner sa technique à des enfants en difficulté. Ils se sont ainsi impliqués dans le renouveau de leur ville et le résultat est stupéfiant. On peut voir des fresques de mosaïques sur le bord de mer, dans les rues mais également sur des escaliers de la ville. L’une d’eux représente de petites maisons colorées, en hommage au peintre Préfète Duffaut, un peintre majeur en Haïti. Le second escalier reprend les premières lignes du roman Hadriana dans tous mes rêves de René Depestre, écrivain natif de Jacmel qui a obtenu le prix Renaudot en 1988 pour ce roman.

Cela rappelle combien la littérature haïtienne est méconnue, bien que l’un de nos académiciens – Dany Laferrière – soit haïtien. La littérature haïtienne est prolifique. Elle a inspiré également beaucoup d’écrivains étrangers comme Graham Green (Les Comédiens), Aimé Césaire (La tragédie du roi Christophe), Truman Capote, Isabel Allende (L’île sous la mer)…Pratiquement toujours écrits en français (langue de l’administration, des médias), les romans haïtiens ne laissent encore que peu de place au créole, pourtant également langue officielle. Pendant tout mon séjour, j’ai essayé d’écouter parler les gens. C’est la langue de la rue, une langue qui chante. Si la base est le français, le créole s’est nourri de plusieurs langues africaines, et l’on ne comprend pas tout ce qui se dit !

Je termine la visite de Jacmel par la fondation de création d’art pour les enfants. Ils font un travail remarquable. Il ne s’agit pas seulement d’enseigner la technique du papier mâché ou de la mosaïque mais aussi d’accueillir des enfants lorsqu’ils ne vont pas à l’école, de leur donner un repas chaud, un cadre, une écoute. Lorsque je suis passée, ils ne savaient pas s’ils pourraient continuer leur activité faute de moyens. Haïti a beaucoup à offrir mais doit aussi recevoir. Loin de l’actualité, loin des circuits touristiques, le pays semble un peu oublié alors qu’il y a tant à faire.

On revient différent d’un voyage en Haïti. Malmené par l’histoire et les éléments, ce pays ne jouit pas des mêmes facilités que d’autres îles des Caraïbes. La dignité de la population, sa jeunesse et son énergie m’ont touchée et j’ai admiré leur capacité créatrice dans une vie quotidienne difficile. Je tiens à remercier Cyril et Rommel pour leur gentillesse, leur disponibilité et pour m’avoir fait connaître cette destination hors du commun.

 

Nathalie EVRARD

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