Japon : de Tokyo à l’île de Miyajima

En novembre, je suis partie à la découverte de quelques régions phares de l’île de Honshu. De Tokyo à l’île de Miyajima en passant par les Alpes Japonaises, j’ai traversé des paysages et ambiances contrastés : balades dans les sanctuaires en pleine nature, quartiers traditionnels et mégalopoles, bains thermaux, temples, jardins… Autant d’expériences riches que j’aimerais vous partager !

Arrivée à Tokyo : premières impressions ! 

Tokyo, l’une des plus grandes mégalopoles au monde demeure partagée entre la nostalgie Edo, capitale des shoguns, et la mégalomanie d’un empire urbain futuriste de près de 40 millions d’habitants (13 millions en son centre). Cela donne le vertige et pourtant le Japon est un pays obsessionnellement bien organisé et la vie dans cette fourmilière qu’est Tokyo est parfaitement possible grâce à son réseau ferroviaire irréprochable. Les lignes de trains JR et le métro desservent chaque recoin de la ville. Les trains partent à l’heure précise, les japonais attendent calmement les uns derrière les autres dans la file d’attente de chaque wagon et attendent le signal du contrôleur en gants blancs avant de monter. Une fois rentrés dans le métro, le calme et le silence dans les wagons est assourdissant. Pas un mot, chacun a l’œil rivé sur son portable ou son manga. Quel contraste avec Paris !

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A Tokyo, il est possible de vivre des expériences particulières : comme dormir dans un hôtel capsule, un « love hôtel » ou encore un « made bar », un bar à chat ou à perroquet. J’ai testé le bar à chat. Après avoir acheté un gâteau pour chat (sorte d’entremets de saumon), j’ai passé une heure entourée de chats dans un salon cosy : mes compagnons étaient ravis !

Le week-end, une balade dans le domaine verdoyant du célèbre sanctuaire de Meiji-jingu est agréable. Les familles se rejoignent pour se recueillir, déposer des offrandes. En novembre, c’est « Shigi go san », la fête des 3, 5 et 7 ans. Vêtus de remarquables kimonos, les enfants de 3, 5 et 7 ans sont mis à l’honneur. Accompagnés de leurs parents, ils vont prier pour que les divinités les protègent ou sont baptisés au sanctuaire de leur quartier. Ils sont habillés de costumes traditionnels, se voient offrir une pochette de bonbons rouges et blancs en forme de héron et de tortue, symboles de longévité et de chance.

 

Non loin de là se trouve la gare d’Harajuku et la rue Takeshita-dori, quartier de la mode particulièrement apprécié des teen-agers qui viennent se relooker et peaufiner leurs tenues esthétiques parfois les plus extrêmes en matière vestimentaire. Je retrouve l’impression de foule compacte de Shibuya et son fameux carrefour croisé que des milliers de personnes traversent chaque jour. Dans les rues voisines, on prépare Halloween. Les déguisements sont de sortie : même les chiens dont les japonais raffolent y ont droit et portent des tenues extravagantes et autres accessoires.

 

A Asakusa, je me dirige vers Senso-ji (ou Asakusa Kannon), le plus ancien temple bouddhiste de la région. On y accède par la Kaminari-mon (porte du tonnerre), point de départ de la Nakamise-dori, la ruelle de boutiques qui mène au temple.

 

Avant de prendre le train à la fameuse gare de Tokyo, je longe les remparts du Palais impérial où résident l’Empereur et sa famille. Je m’arrête devant le joli pont de Niju-bashi, seule porte d’accès au domaine du palais.

Départ pour Nagano, la perle des Alpes japonaises !

A deux heures de shinkansen de Tokyo, je rejoins Nagano. Célèbre pour ses jeux olympiques de 1998, Nagano est également un haut lieu de pèlerinage bouddhiste et de balades dans les alpes japonaises. Son superbe temple Zenko-ji, classé trésor national, abriterait la première statue du Bouddha amenée par des missionnaires coréens lors d’une visite en 552.

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Il subsiste ici une ferveur religieuse particulière qui se caractérise par un culte transcendant toute idolâtrie. La statue cachée de la trinité du Bouddha Amida symbolise la lumière qui nous guide vers la connaissance de la vérité. Les pèlerins viennent toucher « la clef du paradis » du mur du labyrinthe pour assurer le salut de leur âme. On peut alors descendre dans le labyrinthe souterrain du pavillon central de Zenko-ji pour vivre cette expérience sensorielle déroutante ! Au petit matin, j’assiste à l’Oasaji, la cérémonie matinale durant laquelle les bonzes récitent un soûtra durant une heure environ. Avant d’accéder au temple, les pèlerins se présentent devant le grand encensoir du temple et brassent de la fumée vers leur corps dans l’espoir de conserver la santé et le bonheur. C’est à cet endroit précis que le révérend bénit les pèlerins avant chaque office.

 

A 20km de Nagano se trouve le village de montagne Togakushi. C’est la porte d’entrée du sanctuaire Togakushi-jinja composé de cinq sanctuaires parmi lesquels figure le sanctuaire Okusha, accessible par une superbe balade dans la forêt bordée de cèdres centenaires : un véritable havre de paix !

 

Cap ensuite vers Matsushiro. A l’époque Edo, le domaine de Matsushiro est détenu par le clan Sanada (1603-1867), seigneur influent de la région, qui a donné naissance à la création d’une école de lettres et des arts martiaux tout à fait intéressante. Je m’y suis donc arrêtée pour m’exercer au Kyûdô (tir à l’arc) ainsi qu’au port d’armure de samouraï. Pour finir la journée, rien de tel qu’un séjour en ryokan pour profiter des bains thermaux et d’un repas traditionnel.

 

Nagoya : focus sur la rénovation du Palais Hommaru

4ème ville du Japon, Nagoya est une agglomération moderne. Néanmoins, quelques vestiges du shogunat des Tokugawa subsistent. Edifié en 1610, le château de Nagoya fut détruit par les bombardements en 1945 et reconstruit à l’identique en 1959, en béton. Depuis 2009, le Japon prend conscience de son patrimoine et tente de reconstruire dans le style de l’époque et de façon la plus fidèle possible ses édifices historiques. C’est le cas du Palais Hommaru qui regroupait les bureaux administratifs et la résidence des seigneurs de la province d’Owari. Lors de ses déplacements à Kyoto, le Shogun s’y est arrêté et y a logé. La rénovation d’une partie du Palais vient d’être achevée et permet d’admirer le travail des artisans et la technique du plaqué or : un véritable bijou !

 

Tsumago et Magome : sur le chemin de Nakasendo

Depuis Nagoya, départ en train puis bus pour atteindre les villages de Magome et Tsumago. Magome est situé sur le chemin appelé « Nakasendo » qui reliait autrefois Kyoto, la résidence de l’Empereur et Edo, la résidence du Shogun. Cette route à travers les montagnes comptait 69 stations. Magome et Tsumago sont deux villages traditionnels remarquablement restaurés. Le tronçon entre les deux villages s’effectue en 3 heures de balade à pied.

 

Shizuoka : les champs de thé sous le regard du mont Fuji

A mi-chemin entre Tokyo et Nagoya, Shizuoka se caractérise par sa production de thé vert mondialement reconnue et sa plage Miho no Matsubara qui offre une vue dégagée sur le mont Fuji lorsque celui-ci veut bien se découvrir. C’est également la ville de naissance de Tokugawa Ieyasu, le premier shogun de la dynastie. En route pour les collines de Nihondaira, classées Parc national naturel. Je prends un téléphérique menant au sanctuaire Kunozan Toshogu qui abrite le mausolée du premier shogun ainsi qu’un joli musée dédié aux Tokugawa. La vue permet d’admirer les falaises Byobudani qui dominent l’océan Pacifique : quel spectacle !

 

Kanazawa : entre tradition et modernité  

Sous le patronage de la dynastie des seigneurs Maeda (16e siècle), Kanazawa a bénéficié d’un développement culturel et artistique sophistiqué. Préservée des cataclysmes et des guerres, Kanazawa a conservé un certain charme d’antan. En 3 jours de visite, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer.

Arrivée à la gare de Kanazawa, l’architecture moderne du bâtiment au dôme de verre et au gigantesque torii en bois impressionne. Cette modernité se retrouve également dans la scénographie et le choix des œuvres du musée d’art contemporain du 21ème siècle. Même sans être spécialiste, ce musée est accessible à tous et réveille nos sens. Dans un style différent, le musée zen dédié à la pensée philosophique du bouddhiste Daisetz Suzuki offre un espace de méditation en parfaite harmonie avec la nature. Le déplacement vaut le détour !

 

La splendeur passée de Kanazawa se retrouve dans ses multiples jardins : le jardin Kenroku-en, le Gyokusen Inmaru et le Gyokusen-en. Créé il y a plus de 300 ans pour agrémenter la résidence secondaire du seigneur féodal Maeda, le jardin Kenroku-en est l’un des plus beaux du Japon. Gyokusen Inmaru, jardin intime du clan Maeda situé à l’ouest du parc du château vient tout juste d’être restauré. Enfin le jardin de promenade Gyokusen-en appartient à la famille Nishida : je m’y suis d’ailleurs arrêtée pour une cérémonie de thé matcha.

 

La cérémonie du thé est très codifiée. Le Maître de thé purifie la cuillère avec un linge de soie, fait chauffer l’eau à la bonne température, dépose la poudre de Matcha dans un bol avec une cuillère en bambou, verse l’eau chaude et fait mousser eau et thé à l’aide d’un petit fouet en bambou. Pour les invités, une mise en bouche suave est servie puis le thé. En quelques gestes précis : il faut  faire tourner le bol dans ses mains pour en apprécier la beauté, la partager avec les invités et déguster en trois gorgée en prenant bien le soin de faire du bruit pour la dernière.

 

Kanazawa est aussi la capitale de l’art de vivre et des Arts. C’est en déambulant dans le quartier Higashi chaya que l’on pourra observer les anciennes maisons de geishas (chaya) dont la maison ochaya shima. Kanazawa est réputée pour son artisanat : poterie, dorure à la feuille d’or. A la tombée de la nuit, on aura peut-être l’occasion de croiser des geishas ou maikos. Ce soir-là, je me suis arrêtée dans l’une des maisons de thé pour assister à une représentation au son du shamisen.

 

Kyoto : la capitale culturelle et spirituelle du Japon

Kyoto fut la capitale de l’Empire pendant plus d’un millénaire entre le 8ème et la fin du 19ème siècle. Constituée de plus de 1600 temples bouddhiques et 400 temples shintoïstes, pour certains inscrits au patrimoine mondial, plus de 200 jardins classés… Kyoto est dotée d’un inestimable patrimoine architectural et religieux qui attire des millions d’étrangers chaque année.

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Édifiée en 1997, la gare de Kyoto est l’œuvre d’Hara Hiroshi. Controversée à sa création, son immense cage de verre en forme de bateau renversé contraste avec l’image traditionnelle de la ville.

A Kyoto, on pourrait rythmer ses journées par des visites de temples. Certains sont incontournables : le Ryoan-ji et son célèbre jardin zen de pierres et de sable (classé par l’Unesco), le Kinkaku-ji (Pavillon d’Or). Couvert de feuilles d’or, Kinkaku-ji semble flotter sur l’étang-miroir. Résidence du shogun Ashikaha Yoshimitsu à la fin du 14ème siècle, il devint un temple zen de la secte Rinzai à sa mort. En 1950, il est incendié par un moine fou, envoûté par la beauté des lieux. Il sera ensuite reconstruit en 1955 à l’identique de l’édifice d’origine.

 

Je prends le train pour le sanctuaire shinto Fushimi Inari Taisha. On y accède par un paisible chemin de randonnée où d’innombrables torii oranges alignés forment un tunnel à travers la forêt. A chaque pallier, plusieurs chemins sont proposés menant à d’autres petits sanctuaires où chacun viendra s’il le souhaite se recueillir, se purifier, déposer son obole et son offrande aux divinités. A l’origine le temple bâti au 8ème siècle était dédié à Inari, le dieu protecteur des récoltes de riz et de saké, associé au renard, son messager sur terre. C’est la raison pour laquelle les statues de l’animal sont omniprésentes. Aujourd’hui, les hommes d’affaires gravent le nom de leur entreprise sur les torii pour y espérer de bons résultats. C’est également un lieu où l’on se rend en famille le week-end !

 

Dans le quartier d’Higashiyama se dresse au sommet le temple Kiyomizu dera. Ce temple dédié à la statue de Kannon aux 11 visages, déesse protectrice des femmes enceintes. Loin de la ferveur que j’avais pu observer au temple Zenko-ji de Nagano, ici, les jeunes femmes viennent implorer les divinités de l’Amour et du Mariage. Une tradition veut qu’à l’entrée du sanctuaire, celle qui parcourt les yeux fermés les 20 mètres qui séparent les deux pierres de l’entrée, rencontrera bientôt l’Amour. Des offrandes y sont spécialement dédiées !

 

Kyoto c’est aussi la ville du raffinement. Il n’est pas rare de croiser des jeunes femmes en tenue de geiko (nom utilisé pour désigner les geishas à Kyoto) pour aller faire leurs courses. Il est ainsi possible de louer un kimono traditionnel et une paire de geta (chaussures traditionnelles) pour se pavaner dans les ruelles d’Higashiyama ou de Gion. Par ailleurs, le business du mariage est très important au Japon. Au détour d’un temple ou d’un jardin, vous croiserez certainement un couple en train d’immortaliser d’innombrables photos de souvenir : c’est un vrai plaisir pour les yeux !

 

Okayama : le jardin Koraku-en !

Sur la route du shinkansen entre Osaka et Hiroshima, un arrêt au superbe jardin de Koraku-en d’Okayama s’impose. Aménagé en 1687 siècle sous l’égide du seigneur Ikeda Tsumanasa en tant que jardin de résidence du daymo, ce jardin de style kaiku (jardin de promenade) est devenu public en 1884. Ouvert et dégagé, l’aménagement de l’espace réparti sur plus de 13 ha. a gardé son aspect d’origine. C’est l’un des plus beaux de l’archipel !

 

Hiroshima : la ville qui renaît de ses cendres !

Triste souvenir que nous évoque Hiroshima et son attaque d’un certain 6 août 1945 à 8h15. Néanmoins, la ville s’est tournée vers l’avenir. Une demi-journée suffit pour visiter Hiroshima, son parc et son émouvant musée pour la paix. Mais c’est surtout le « dôme de la Bombe A » qui a retenu mon attention. Cette ancienne chambre d’industrie de la ville conçue en 1915 par un architecte tchèque fut le seul bâtiment à tenir le choc. Laissé tel quel, avec son dôme réduit à l’état de squelette, est devenu le symbole d’Hiroshima. Pour terminer sur une note plus gaie, je m’engouffre dans un restaurant d’Okonomiyaki, une spécialité d’Hiroshima qui se déguste à merveille avec un verre de saké.

 

Miyajima : l’île des dieux

Miyajima, autrement appelée Itsukushima, du nom du sanctuaire principal qui la compose, surprend par sa sérénité. Pour la découvrir, je me fraye un chemin entre les daims dispersés dans la montagne, déambule dans les ruelles traditionnelles de Takikoji ou Machiya, rejoins le sommet du mont Misen en téléphérique puis le lendemain par un chemin de randonnée recouvert de forêt primaire. Enfin, ce sera l’occasion de dormir dans un ryokan et de tester les bains traditionnels : quel plaisir !

 

Symbole culturel et religieux, le O-Torii vermillon (grand torii) émerge majestueusement de l’eau : c’est l’icône du Japon que l’on peut admirer sans réserve. A 200 mètres de là, le sanctuaire Itsukushima-jinja domine la mer. L’ensemble à marée haute donne l’impression de flotter sur les eaux en parfaite harmonie avec la baie. Puis, un arrêt s’impose au parc Omoto où je me suis trouvée nez à nez avec des daims ainsi qu’au parc de Momijidani et son joli pont rouge. Depuis ce dernier, je prends un téléphérique en direction du mont Misen qui culmine à 535 mètres. La vue est superbe ! En redescendant la montagne, j’accède au temple bouddhique de la secte Shingon : le Daisho-in. Ici, de nombreux petits bouddhas vêtus de bonnets de laine me regardent.

Albane Enaud

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